mar.
29
janv.
2013
Le livre se présente comme le récit à la première personne et au présent de Thomas Sheppard, un pêcheur de Fallut en Cornouailles. C’est donc une sorte de journal divisé en quatre parties. La première rend compte de la solitude et de l’accablement du narrateur de retour de son village perdu après cinq années de prison ; la seconde utilise la confidence à un autre exclu, un épicier pakistanais, paisible et compréhensif, pour remonter à la faute : le narrateur a été condamné pour le meurtre par imprudence du fils de sa femme lors d’une sortie dangereuse en mer, mais lui affirme qu’il ne s’agit que d’un accident tragique. La troisième partie utilise le même procédé de la confidence : l’interlocutrice est une déclassée mal vue, mère célibataire sans beauté et vendeuse de journaux, à qui Thomas raconte l’enfermement de la prison et la violence carcérale. La dernière partie est très brève : c’est l’arrivée silencieuse de Luke, l’ami des années de prison, qui abandonne femme et enfants pour rejoindre Thomas : ils s’apprêtent à partir ailleurs, recommencer ensemble une vie, leur innocence retrouvée. Philippe Besson réussit à rendre le lecteur proche du narrateur qui se confie à lui avec une retenue toute poétique. Il l'entraîne dans un monde au paysage gris, où l’exclusion est un vrai parcours de souffrance. Après le froid, les ténèbres, la violence et la solitude, Thomas trouvera le salut et entamera une nouvelle vie. Jamais on ne le juge et on suit, pas à pas sa rédemption. C’est un roman dense, sensible et fort, soutenu par une langue belle, simple, un peu cinématographique, avec ces quelques touches de couleur, propres aux paysages maritimes, qui pourraient nous faire penser aux tableaux d’Edward Hopper.
Je Tu Lis On En Parle
écrire commentaire